La Commission fédérale des médias présente ses pistes de réflexion sur l’avenir du service public média
Le débat sur le service public des médias se réduit principalement, dans notre pays, au montant du financement accordé à la SSR. Pour preuve, la finalité de l’initiative qui demande de réduire la redevance des ménages à 200 francs et de renoncer à la redevance des entreprises. Du côté du Conseil fédéral, le contre-projet prévoit d’ancrer, au niveau de l’ordonnance, une réduction à 300 francs par ménage et un assujettissement plus souple pour les entreprises.
La Commission fédérale des médias (COFEM) considère que ces deux propositions sont inadéquates. Selon son évaluation, elles affaibliraient le service public média au prix de coupes parfois drastiques dans les programmes et surtout menaceraient l’ancrage régional, précisément à un moment où un journalisme produit selon des normes professionnelles et déontologiques pertinentes revêt une importance cruciale pour le bon fonctionnement d’une démocratie libérale fondée sur l’état de droit.
Stabilité journalistique et continuité pour la population
Au vu des profonds changements dans le marché des médias, la Commission estime nécessaire que la politique et la société se penchent sur l’orientation et l’organisation futures du service public média à l’ère du numérique. Elle propose des pistes de réflexion sur la manière de légitimer le service public des médias à long terme, de définir ses prestations et de concevoir l’accessibilité, l’utilisation, la structure et le financement à l’avenir.
Face à la situation économique difficile et à la tendance à la centralisation et à l’harmonisation de l’offre dans le paysage suisse des médias, la COFEM considère que le service public média, en particulier dans les régions linguistiques et périphériques, doit plus que jamais garantir la stabilité et la continuité de l’offre journalistique. Il apporte une contribution essentielle à la cohésion et permet la participation.
Avec un financement majoritairement public et doté d’un mandat de prestations, le service public média doit en outre se distinguer clairement des offres commerciales en termes de qualité, de professionnalisme, de réalisation et de pertinence des offres proposées.
Transformation inéluctable vers une offre multimédia
S’écartant de ses racines historiques de simple fournisseur de services de radiodiffusion, le service public média joue de plus en plus un rôle d’infrastructure moderne. A l’ère du numérique, cette tâche ne diminue pas, mais s’accroît. Pour le service public média, la transformation en fournisseur multimédia de services journalistiques est inéluctable s’il veut répondre aux nouvelles attentes et exigences du public vis-à-vis d’un journalisme moderne, avec toutes ses formes de présentation et de transmission. Dans une société numérique, le service public média doit aussi assumer de nouvelles tâches, comme la mise à disposition d’un espace de débat public.
Se différencier clairement des offres commerciales
Premièrement, la COFEM recommande d’ancrer le service public média, quels que soient les fournisseurs de prestations, en tant qu’infrastructure moderne, neutre en termes de technologie et de formats, accessible à l’ensemble de la population, dans toutes les régions du pays, de manière équivalente et sans obstacles. Deuxièmement, elle considère qu’il est nécessaire de définir clairement les prestations du service public média au niveau du contenu et de les différencier des offres commerciales. Troisièmement, elle plaide pour un changement de système de financement. Le service public média doit renoncer totalement aux recettes publicitaires au profit d’un financement public stable, fiable et suffisant, qui ne donne pas de fausses incitations ni de faux signaux de prix et qui garantit l’indépendance journalistique. La publicité serait certes encore autorisée dans l’offre de télévision linéaire, mais les recettes seraient collectivisées au profit d’une aide générale aux médias.